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La révolution palestinienne s'est brusquement interrompue en 1982. La conquête de Beyrouth par Israël a entraîné la liquidation d'infrastructures révolutionnaires complexes en développement au Liban au cours de la décennie précédente. Pour beaucoup, la mort de la révolution a signifié de nouvelles souffrances liées à l'exil et à la rupture; elle a brisé les convictions idéologiques autrefois inviolables, et elle a abouti à la sauvagerie et au désespoir à Sabra et Chatila.

 

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Kassem Hawal receives the Silver Medal for Our Small Houses at the 1974 Leipzig Film Festival. Image courtesy of Kassem Hawal.
Kassem Hawal reçoit la médaille d'art pour Our Small Houses au festival du film de Leipzig en 1974. Image avec l'aimable autorisation de Kassem Hawal.

Comment est-ce-que les artistes qui avaient célébré la vertu et l'élan de la révolution les années précédentes pourraient répondre à ces catastrophes idéologiques, humaines et cataclysmiques? Apprendre à ne pas rêver tire son titre d'une conversation en cours sur ce thème avec Kassem Hawal, le réalisateur d'origine irakienne et activiste culturel qui a fondé et dirigé le département cinéma du Front Populaire pour la Libération de la Palestine en 1972.

 

La recherche suggère un épilogue possible ou un contrepoint au récent projet de la Fondation pour le Cinéma Palestinien The World is With Us: Global Film and Poster Art from the Palestinian Revolution, 1968-1980. Dans ce projet, la FCP a travaillé en étroite collaboration avec Hawal sur un ensemble de films idéologiquement marxistes-léninistes faits pour le FPLP dans les années 1970. Il s'agit notamment du film-poème de 1974 «Our little houses», qui a remporté la médaille d'argent au Festival de Leipzig cette année. Le film a anticipé les solidarités transnationales des travailleurs prévalant sur les divisions coloniales, nationales ou confessionnelles. Son appel à l'union révolutionnaire fut lié à un avertissement contre les enseignes mortelles de l'empire et du nationalisme: «Ils vont vous faire porter l'uniforme. Demain, ce sera tuer ou se faire tuer.».

 

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Our Small Houses, Dir. Kassem Hawal, 1974. Script by Abou Naseer; read by Nazik [al-Malaika].
Our Small Houses, Dir. Kassem Hawal, 1974. Ecrit par Abou Naseer; lu par Nazik [al-Malaika].

Près d'une décennie après «Our little houses», son projet révolutionnaire en ruines, Hawal a fait un documentaire en 1983, pendant longtemps négligé, sous les auspices du ministère de l'Information libyen- Massacre: Sabra and Chatila. Ce fut le premier film arabe traitant des atrocités de septembre 1982. Ce fut également la première oeuvre d'Hawal sur la période postrévolutionnaire. Massacre: Sabra and Chatila offre ainsi un point de départ possible pour des questions sur le désenchantement idéologique, le déplacement physique et la réorientation artistique après 1982.

 

Apprendre à ne pas rêver combinera des activités de recherche techniques et qualitatives. Techniquement, le projet consiste en la numérisation, au sous-titrage (en arabe et en anglais), et à la sauvegarde des archives du film - en s'appuyant sur une source vidéo analogique ayant survécu. Le réalisateur sera impliqué tout le long, et le travail numérique et sous-titré lui sera fourni à la fin. Des expositions communes ou des perspectives de distribution seront aussi développées. Parallèlement à ces procédés techniques, la FCP effectuera des recherches sur le tournage et le contenu de films, tout en étendant les discussions avec Hawal concernant sa relation avec les œuvres de la période précédente (y compris «Our little houses») et avec l'expérience du directeur sur l'interruption de la révolution palestinienne.

 

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Survivor testimonies, Massacre: Sabra and Shatilla, Dir. Kassem Hawal, 1983
Témoignages de survivants, Massacre: Sabra and Shatilla, Dir. Kassem Hawal, 1983.

En associant les travaux de conservation technique avec la recherche collaborative, le projet vise à assurer un travail unique sur le cinéma politique arabe, tout en générant des informations contextuelles reliant le film à une rupture postrévolutionnaire marquée par la désillusion et l'incertitude idéologique et esthétique. Grâce à une lecture attentive du film et sa fabrication, et par des conversations constantes avec le cinéaste, Apprendre à ne pas rêver œuvre pour une narration de ce moment charnière telle que vécue et remémorée par l'un des cinéastes les plus distinctifs de l'époque révolutionnaire.

À propos de l'artiste

La Fondation pour le Cinéma Palestinien (FCP) est une structure de recherche et d'exposition basée à Londres, spécialisée dans le cinéma et les œuvres vidéo sur et de la Palestine. Fondée en 2004, la FCP dirige une gamme d'activités de préservation, de sous-titrage, d'éducation, et de programmation de films au Royaume-Uni, dont le Festival annuel du film palestinien de Londres. 

 

Ce projet sera réalisé par le co-directeur de la FCP, Nick Denes, qui dirige le programme de recherche et de préservation de la FCP. Denes est un conservateur de film et un sociologue. Il est enseignant principal au Centre d'études des médias et du cinéma, SOAS, Université de Londres, et a publié de nombreux articles sur les images en mouvement de la Palestine, la «nouvelle extrême droite» dans l'Union européenne contemporaine, et la surveillance entre la Palestine et Israël.


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