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Ce projet basé sur la recherche qu’a menée Ala Younis part d'une photographie de Gamal Abdel Nasser faisant face en 1958 – lors de la signature d'un accord d'union souveraine entre l'Egypte et la Syrie – à une foule arabe enthousiaste et fière; nous ne voyons que le dos de Nasser. Mais que se passait-il dans son esprit et dans le monde arabe en ce moment de force, d'unité et de victoire ?

La promesse d'une union souveraine des Etats arabes fut contestée par de nombreuses forces régionales et internationales. Elle faisait concurrence à un projet dans l'industrie aérospatiale qui était sur le point de donner au monde arabe un pouvoir sans précédent. Le golfe croulait sous la pression d'experts du pétrole. Mais Nasser mourut d'une crise cardiaque lors d'un sommet arabe. Une rupture. Un choc. A son enterrement, cinq millions de personnes en deuil défilèrent dans une procession de 10 km. Tous les chefs d'Etats arabes y ont assisté. Le roi Hussein de Jordanie et le chef de l'OLP Yasser Arafat pleuraient ouvertement tandis que Mouammar Kadhafi de la Libye aurait perdu connaissance à deux reprises. Les pleureuses cernèrent le cercueil.

A Jérusalem, environ 75 000 Arabes ont défilé dans la vieille ville en scandant «Nasser ne mourra jamais.». Le parti Baas syrien a déclaré un deuil général de 40 jours en Syrie. Au Koweït, les journaux ont imprimé l'image de sa dernière escorte pour l'émir sur cinq colonnes, tandis que des foules ont défilé dans les rues. Les écoles, les théâtres et les cinémas ont fermé pendant 3 jours. Un deuil général a été annoncé pour 40 jours. On a marché à Leipzig, tout comme à Moscou qui a envoyé son premier ministre. Seulement quelques grands dignitaires occidentaux étaient présents.

Certains disent que les funérailles de Nasser ont généré les images les plus étonnantes des temps modernes, plus que ceux d'Atatürk, de Kennedy et de Staline. Ce projet n'est pas une enquête sur la tristesse ou la mort. Ce projet est une tentative de saisie de la signification d'un personnage historique. Examiner cette importance, cet ascendant et cette puissance qui furent accordés à Nasser en 1958, et plus tard, lorsqu'ils furent brisés le 8 juin 1967 puis, restaurés le 9 juin 1967, c'est se plonger dans la création d'un mythe.

La trilogie de l'œuvre sur le nationalisme arabe a commencé avec Néfertiti, Needles to Rockets, et Six days. Toutes ces œuvres sont des explorations du rapport complexe d'un individu à Gamal Abdel Nasser comme le héros et l’anti-héros, ses promesses et ses échecs. Cette étape du projet est la dernière de l’œuvre. Elle sera développée pendant une résidence d'un mois au Caire et se terminera par une exposition personnelle à la Galerie de Gypsum en 2014.

Délai d'exécution du projet: la recherche sur ce projet devrait avoir lieu à partir de juin 2013.

À propos de l'artiste

Ala Younis est un artiste et curateur. Né au Koweït, basé à Amman, il obtient son diplôme d'architecte à l'Université de Jordanie à Amman en 1997. La pratique artistique de Younis est engagée dans la réinterprétation des récits hérités, par le biais d'enquêtes socio-politiques fondées sur des recherches approfondies inspirées de son expérience personnelle. Grâce à des projets artistiques, cinématographiques et de publication, son œuvre dévoile les conditions dans lesquelles les effondrements historiques et politiques collectifs peuvent devenir personnels. Son travail a été montré dans: Thé avec Néfertiti, Mathaf et à l'Institut du Monde Arabe (2012-13), à la Roundtable, à la 9e Biennale de Gwangju (2012); Ungovernables, New Museum Triennal, New York (2012); 12e Biennale d'Istanbul (2011); Home Works '5, Beirut (2010); Le Jerusalem Show, Jérusalem (2009), et PhotoCairo 4, Contemporary Image Collective, Le Caire (2008). En 2012, son œuvre a été sélectionnée par ArtReview comme l'une des «Future Greats 2012» du monde des arts, et ses projets de publication «Needles to Rockets» (2009) et «Tin Soldiers» (2012) sont des publications d'art collaboratif qui font participer, lors de leur création, des individus venus d'horizons différents.


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